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Insufficient data for meaningful answer | Données insuffisantes pour réponse significative
Maxime Bondu, Gaël Grivet
15.09 - 10.11.2012
Villa du Parc, Annemasse

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EN
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The last question was asked for the first time, half in jest, on May 21, 2061, at a time when humanity first stepped into the light. […]
“Will mankind one day without the net expenditure of energy be able to restore the sun to its full youthfulness even after it had died of old age?” […]
Multivac fell dead and silent. The slow flashing of lights ceased, the distant sounds of clicking relays ended. Then, just as the frightened technicians felt they could hold their breath no longer, there was a sudden springing to life of the teletype attached to that portion of Multivac. Five words were printed:
INSUFFICIENT DATA FOR MEANINGFUL ANSWER.

Isaac Asimov, “The Last Question”, Science Fiction Quarterly, 1956

“INSUFFICIENT DATA FOR MEANINGFUL ANSWER” is a statement made by Isaac Asimov at a time when, having gradually delegated to computerized brains the day-to-day management of a world become too complex, humanity is henceforth in a position of bondage and dependence with regard to a flow of data which it can no longer master, or even grasp. Despite intellectual and analytical human capacities supposed to differentiate humanity from the binary coldness of computer science, the day is dawning when, while progressively spreading its control of space and energy, and despite the exponential accumulation of data, it is not capable of responding to the most important question there is: the possibility of reversing the universe’s heat death, an essential prerequisite for the long-term survival of the human species.
Today, the field of science is gradually shifting towards a similar position. After an heroic period of scientific discoveries and geographical exploration, when the novel-like narrative of human feats was almost as important as the value of discovery, scientific reasoning has become much more specialized and obscure for anyone who does not possess the keys. Behind the control screens of telescopes, probes and drones, we are henceforth just observers of our own technological prostheses, explorers by delegation.
And yet, historically, discoveries are not systematically the product of a very constructed and focused erudition. Inventive reasoning in the absence of data and serendipity have been important driving forces. Authors have laid claim to the benefits of the overall view and the distancing of an analysis that is too close to its subject, and they reflect upon the boundaries of the field explored by science where even the arbitrary and the irrational may be taken into consideration, in the guise of hypothesis, for want of sufficient information.

The intent behind INSUFFICIENT DATA FOR MEANINGFUL ANSWER is to provide a few very fragmentary and insufficient data to extend these lines of questioning. In the form of a “stereographic” exhibition, it will introduce a close conversation between two young artists, Maxime Bondu and Gaël Grivet. If they share common interests and themes in the field of lacunary knowledge, the way they approach the subject varies considerably.

Maxime Bondu (b. 1985, lives in France) applies a speculative aesthetics of discovery, which is contemplated, interpreted and distorted through the space-time vortex of a mimetic mirror. When the space is not delineated, it is its attempted discoveries which give rise to projects. Like an archaeologist, at once researcher, historian, explorer and story-teller, Maxime Bondu tries to invent stories and construct. It is often a matter of History, fragments and displacements. Drawing from different worlds, he attempts to challenge the idea of conquest through his forms and his theories.

In the methodology adopted by Gaël Grivet (b. 1978, lives in Switzerland), notions of comparative approach, extraction and process are pivotal, fuelled by data which are, notwithstanding, scientific, but culminate in disconcerting results when they are not purely hallucinatory. In his work, the perceptible is just an instance of the invisible. The unsaid, the stroboscopic, and the infinite motif are some of the appearances stemming from processes of reverberation, themselves triggered by the looping of a repertory of knowledge. Retinal certainties fall apart in the face of an accelerated succession of scientific formulae and historical data, thus giving way to an “amplified” reality.

FR
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La dernière question fut posée pour la première fois, presque en manière de plaisanterie, le 21 mai 2061, à une époque où l’humanité faisait ses premiers pas dans la lumière.
[…]
« Est-ce que l’humanité sera capable un jour, sans dépense d’énergie, de rendre au Soleil sa jeunesse, même après qu’il sera mort de vieillesse ? » Ou peut-être, plus simplement : « Comment l’entropie de l’univers peut-elle être amenée à décroître massivement ? »
Multivac devint aussitôt inerte et silencieux. Le lent clignotement des voyants cessa, les sons lointains des relais se turent. Enfin, au moment où les deux hommes effrayés ne pouvaient plus retenir leur respiration, le téléscripteur fixé à cette partie de Multivac s’anima brusquement. Cinq mots y étaient imprimés :
INFORMATION INSUFFISANTE POUR RÉPONSE SIGNIFICATIVE.

Isaac Asimov, « La dernière question », 1956

« DONNEES INSUFFISANTES POUR REPONSE SIGNIFICATIVE » est un constat fait par Isaac Asimov à une époque où l’humanité, ayant progressivement délégué à des cerveaux informatiques la gestion quotidienne d’un monde devenu trop complexe, est désormais en position de servitude et dépendance vis-à-vis d’un flux de données qu’elle ne peut plus maîtriser, voire appréhender. Malgré ses capacités intellectuelles et analytiques censées la différencier de la froideur binaire de l’informatique, vient le jour où, tout en étendant progressivement sa maîtrise de l’espace et de l’énergie et malgré l’accumulation exponentielle de données, elle n’est pas capable de répondre à la question la plus importante qui soit : celle de la réversibilité de la mort thermique de l’univers, condition première pour la survie de l’espèce humaine à long terme.
Aujourd’hui, le champ de la science se retrouve progressivement dans une position similaire. Après une héroïque époque de découvertes scientifiques et d’exploration géographique, où le récit romancé des exploits humains compte presque autant que la valeur de découverte, le raisonnement scientifique est devenu beaucoup plus spécialisé et obscur pour celui qui n’en possède pas les clés. Derrière les écrans de contrôle des télescopes, sondes et autres drones, nous ne sommes désormais qu’observateurs de nos prothèses technologiques, explorateurs par délégation.
Et pourtant, historiquement les découvertes ne sont pas systématiquement le produit d’une érudition très construite et focalisée. Le raisonnement inventif en l’absence de données et la sérendipité ont été des moteurs importants. Des auteurs ont revendiqué les bienfaits de la vue d’ensemble et de la distanciation d’une analyse trop proche de son sujet, et réfléchissent sur les confins du champ exploré par la science où même l’arbitraire et l’irrationnel peuvent être considérés, à titre d’hypothèse, faute d’informations suffisantes.

DONNEES INSUFFISANTES POUR REPONSE SIGNIFICATIVE entend fournir quelques données très parcellaires et insuffisantes pour prolonger ces questionnements. Sous la forme d’une exposition « stéréographique », elle établira une conversation rapprochée entre deux jeunes artistes, Maxime Bondu et Gaël Grivet. S’ils partagent des intérêts et des thématiques communes dans le champ des connaissances lacunaires, leurs méthodes d’approche varient sensiblement.

Maxime Bondu (b. 1985, vit à Gaillard/FR) met en œuvre une esthétique spéculative de la découverte qui est contemplée, interprétée et déformée à travers le vortex spatio-temporel d’un miroir mimétique. Lorsque que ce n’est pas un espace précis, ce sont ses découvertes qui sont génératrices de projets. A la manière d’un archéologue, à la fois chercheur, historien, explorateur et conteur, Maxime Bondu cherche à affabuler et à construire. Il est souvent question d’Histoire, de fragments et de déplacements. Puisant dans des univers variés, il tente de questionner l’idée de conquête par ses formes et ses théories.

Dans la méthodologie de Gaël Grivet (b. 1978, vit à Genève) les notions de démarche comparative, d’extraction et de processus sont centrales, alimentées par des données au demeurant scientifiques mais aboutissant à des résultats déconcertants quand ils ne sont pas purement hallucinatoires. Dans son travail, le perceptible n’est qu’une instance de l’invisible. Le non-dit, le stroboscopique, le motif infini sont quelques-unes des apparitions issues de processus de réverbération, déclenchés eux-mêmes par la mise en boucle d’un répertoire des connaissances. Les certitudes rétiniennes se désintègrent face à une succession accélérée de formules scientifiques et données historiques, cédant ainsi leur place à une réalité « amplifiée ».